Des dizaines d’élus exigent l’arrêt du projet Lyon-Turin @Reporterre
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Les millions d’euros du projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin doivent être réinvestis dans les trains déjà existants, revendiquent les signataires de cette tribune, qui appellent à cesser de ravager la montagne.
À l’heure où tout doit être fait pour limiter le réchauffement climatique et renforcer l’indépendance de notre pays, à l’heure des pénuries de médicaments et de produits alimentaires importés de l’autre bout du monde, à l’heure où le gouvernement prétend ne pas avoir l’argent pour la santé et pour les hôpitaux, à l’heure où les trains du quotidien sont dégradés et les infrastructures ferroviaires ne sont pas ou insuffisamment entretenues, nous demandons l’arrêt du projet Lyon-Turin qui a pour seule logique de transporter toujours plus de marchandises toujours plus loin et de maintenir ce culte énergivore et destructeur.
Depuis 20 ans que les partisans du projet affirment que leur objectif est de reporter les marchandises de la route vers le rail, leur bilan est déplorable pour la santé et l’environnement :
- Ils ont divisé par 5 le nombre de trains de marchandises entre la France et l’Italie,
- Ils ont décidé d’ouvrir à la circulation routière une galerie de sécurité au tunnel du Fréjus au mépris de la parole donnée de ne pas le faire,
- Ils ont détourné 200 millions d’euros destinés au ferroviaire dans le massif alpin pour financer le tunnel routier du Fréjus,
- Ils n’ont pas retiré un camion de la route alors que la voie ferroviaire existante le permet et que la route est 30 % plus chère que le service ferroviaire,
- Ils tarissent des sources, drainent les eaux souterraines et coupent des hectares de forêt en Maurienne,
- Ils détruisent des terres agricoles pour des centrales à béton, des carrières pour leurs projets.
Tant que le trafic ferroviaire de marchandises entre la France et l’Italie n’aura pas été relancé, pas un arbre ne doit être abattu, pas un mètre carré de terre agricole ne doit être artificialisé et pas un mètre cube d’eau ne doit être drainé.
Nous exigeons, conformément à ce qu’ont écrit les administrations centrales et le Conseil d’orientation des infrastructures, que la voie ferroviaire existante soit utilisée immédiatement à la hauteur de ce qu’elle était dans les années 2000. Cela crée des emplois et améliore non seulement la sécurité routière, la qualité de l’air dans les vallées alpines et la santé publique tout en luttant efficacement contre le réchauffement climatique.
Nous exigeons que l’argent qui serait englouti dans le projet de nouvelle ligne Lyon-Turin soit utilisé dès maintenant pour ouvrir une plateforme de chargement de la route vers le rail dans le secteur d’Ambérieu-en-Bugey et que les navettes ferroviaires pour le transport des marchandises soient proposées dès 2023 aux transporteurs routiers.
Nous exigeons, comme le veut la loi, que les 20 millions d’euros annuels de bénéfice du tunnel du Mont-Blanc soient exclusivement dédiés au ferroviaire et au financement du report de la route vers le rail des marchandises et des voyageurs et que les 200 millions versés au tunnel routier du Fréjus depuis 10 ans soient restitués au ferroviaire.
Nous exigeons que soit annulée la décision d’ouvrir à la circulation la galerie de sécurité du tunnel routier du Fréjus et que cette dernière soit exclusivement réservée aux véhicules de secours.
Nous proposons d’améliorer les capacités des lignes entre Aix-les-Bains et Annecy, La Roche-sur-Foron et Saint-Gervais, et entre Saint-André-le-Gaz et Chambéry pour diminuer le trafic routier et renforcer les transports quotidiens de voyageurs. Il faut sans tarder mettre en œuvre les investissements d’amélioration des infrastructures (y compris la protection de l’environnement et des riverains contre le bruit) sur l’axe Ambérieu-Modane afin de rendre au tunnel existant tout son potentiel.
Nous rejetons la logique du projet Lyon-Turin et de ses partisans, dont le bilan est la casse du fret ferroviaire dans notre pays depuis 30 ans. Ils détruisent déjà l’outil ferroviaire en Maurienne pour les besoins de ce grand projet inutile.
Nous affirmons que l’argent englouti dans le projet Lyon-Turin conduira à la même faillite que la ligne Perpignan-Figueras, premier maillon du corridor méditerranéen.
L’environnement, les terres agricoles, les eaux souterraines et l’argent public doivent être préservés !
La ligne ferroviaire existante doit être utilisée tout de suite et les travaux préparatoires du projet Lyon-Turin doivent être arrêtés.